Attractivité des commerces du détail alimentaire
Explorations et témoignages : les métiers de caviste, fromager, primeur, les métiers du commerce biologique et équitable, de l’épicerie générale.
Le contexte : une problématique d’attractivité des métiers de la branche professionnelle
La question de l’attractivité relève d’un objectif de développement durable des entreprises.
Pour que l’action puisse être efficace, elle doit être menée métier par métier et renvoie à la qualité de l’offre de travail présente sur le marché.
Un métier n’est pas attractif ou non attractif en soi et de manière définitive, mais dans certaines conditions d’exercice et à certains moments. Il peut apparaître répulsif à certaines périodes, en fonction du cycle de vie, sociétales, économiques et politiques.
L’attractivité met en jeu l’adaptation de l’appareil de formation, la notoriété, les conditions d’emploi, de rémunération et de carrière. Elle interroge également les populations de jeunes, de responsables d’éducation, de salariés, d’employeurs, d’institutionnels et de professionnels de la communication.
C’est pourquoi l’Association des Fédérations en Fruits et légumes, Epicerie et Crèmerie – AFFLEC – a souhaité conduire une étude sur les fondements de ce concept et son application à son secteur.
En effet, leurs représentants soulignent les difficultés de recrutement de salariés ou de chefs d’entreprise qu’ils rencontrent dans leurs différents secteurs.
Après une période de décroissance sévère due au développement de la grande distribution, ces secteurs d’activités voient leur nombre d’entreprises se stabiliser, voir pour certains progresser.
Les objectifs stratégiques de la branche professionnelle au regard de leur problématique d’attractivité se situent à trois niveaux :
– Attirer les meilleurs profils dans leurs entreprises et contribuer à leur professionnalisation,
– Fidéliser ses salariés et développer leurs compétences pour permettre aux entreprises de développer leur qualité de service et sécuriser les parcours des salariés dans le secteur,
– Faire prendre conscience aux chefs d’entreprises et aux salariés du secteur de leur rôle dans la représentation sociale de leur métier.
Les partenaires
FIPES, association qui travaille sur la formation professionnelle à travers des expériences qui se veulent innovantes, a engagé le projet de réaliser, en partenariat avec les étudiants de Master Sociologie spécialité « Image et Société » de la faculté d’Evry Val d’Essonne, 7 courts métrages sur les métiers du commerce alimentaire.
En relation avec des organismes de formation, des branches professionnelles et des entreprises, l’association cherche à mettre en relation ces différents partenaires afin :
– de préparer et aider les élèves et étudiants à intégrer le monde du travail en leur permettant des rencontres de salariés, de chefs d’entreprise, d’acteurs du monde professionnel,
– de permettre aux entreprises d’aller à la rencontre des futures forces vives de leurs structures,
– de favoriser des contacts, des échanges, des opportunités, l’émergence de vocations ou de projets professionnels par une meilleure connaissance des engagements de chacun au sein du tissu économique de notre société,
– de donner à voir les réalités de métiers parfois méconnus, parfois créateurs d’emplois et porteurs d’ouverture vers un monde professionnel que les jeunes appréhendent quelquefois.
L’action a pu être réalisée grâce au soutien des partenaires professionnels notamment la CGPME, Aéroport de Paris, La Poste, ACCOR, VINCI…
Une initiative dynamique, un regard humain et social, une réalité du travail de nos concitoyens
L’image et la vidéo sont devenues des moyens d’expressions dominants dans notre société. La maîtrise de ces outils constitue un élément essentiel de la communication et de la formation.
Le document vidéo est aussi un moyen de concrétiser un savoir, une connaissance, d’actualiser nos conceptions parfois approximatives d’une réalité professionnelle et peut ainsi faire œuvre de moyen éducatif, informatif percutant.
Fipes initie des projets qui visent à favoriser une prise de conscience réaliste, humaine, porteuse d’un désir d’engagement dans une vie professionnelle épanouie et créative.
L’Association des Fédérations en Fruits et légumes, Epicerie et Crèmerie – AFFLEC – a déjà conduit de nombreuses actions qui ont pour objectifs de faire connaître leurs métiers à tous les acteurs de la formation professionnelle mais aussi au système éducatif dans son ensemble afin de les sensibiliser et de les amener à bien connaître ce secteur et ses métiers.
C’est dans ce sens que s’inscrit la réalisation de ces 7 courts métrages :
– valoriser les métiers, et dépasser les stéréotypes,
– chercher une meilleure visibilité de ces métiers,
– intéresser les élèves et les étudiants aux produits, au terroir, au goût,
– initier à ces environnements de travail des jeunes potentiellement motivés,
– sensibiliser les jeunes au rôle que joue le commerce de détail alimentaire dans le quartier, la ville.
Des professionnels investis, des salariés et des chefs d’entreprises fiers de leurs projets et de leurs réussites
Deux ou trois étudiants par réalisation, munis d’une caméra, ont saisi dans leur environnement professionnel, au sein de leur boutique, sur le lieu de leurs approvisionnements, en contact avec leur clientèle le témoignage vivant de cavistes, d’un fromager, d’un primeur, d’un épicier et d’une commerçante en produit biologique.
Leur discours révèle des points communs qui sont à l’origine de leurs persévérances, de leur investissement et de leur foi dans leur métier :
– l’importance primordiale du relationnel qui répond à une nécessité sociale et humaine, base fondamentale du commerce de proximité,
– le goût des produits et la volonté de transmettre ses savoirs et connaissances par le conseil, l’animation et une écoute de leur clientèle,
– la notion de liberté et d’autonomie qui fait de ces hommes et de ces femmes des professionnels responsables et épanouis dans leur environnement,
– des valeurs et une éthique personnelle mises au service de leur clientèle.
Les courts métrages
L’association avec les Master sociologie « image et société » de la Faculté d’Evry est l’opportunité d’associer des étudiants en formation à un projet qui rend compte du dynamisme de professionnels, investis dans leur métier, dans leur vie, qui parlent de leur univers quotidien, de leur travail avec simplicité, passion et la volonté de faire découvrir, transmettre et partager.
Opportunité d’une mise en application de leurs enseignements, d’une prise de contact avec la réalité de l’entreprise et les demandes d’un commanditaire, cette expérience leur est proposée par FIPES pour favoriser leurs liens à venir avec le monde professionnel dans lequel ils vont s’inscrire, réaliser un produit final en réponse à une demande spécifique qui s’inscrit dans un partenariat entre le monde associatif et celui des entreprises.
Sept courts métrages ont donc été réalisés dans le contexte précité, avec pour consigne de rencontrer des professionnels de la branche et mettre en évidence les perceptions de leur métier, leurs vécus, leurs parcours et leurs motivations :
« Les 3 cavistes »
Réalisé par Florian Brochec, Minchol Cha, Anthony Madelaine.
Une rencontre avec trois jeunes professionnels, cavistes dans un espace-entrepôt entièrement dédié aux vins. Ils nous parlent de leur passion, témoignent de leur métier et délivrent leur perception de celui-ci. Vendre, transmettre sa connaissance des produits et du terroir, faire découvrir les vins français, rechercher et parler des petites appelations et des petits producteurs, partager, conseiller. Un témoignage aussi sur un milieu en crise, les difficultés du métier, les tâches annexes à la vente et les gestes, la technique et le vocabulaire spécifique à cet univers.
« Bootlegger »
Caviste de bières, ce personnage de caractère témoigne d’un choix de travailler seul, d’être autonome et indépendant, de cette liberté d’organisation de son travail qu’il souhaite conserver. Après un apprentissage et un passage dans les parachutistes, c’est un véritable choix de vie qu’il nous délivre sans négliger de nous parler des contraintes du métier (horaires et approvisionnements).
« Primeur à plein temps »
Réalisé par Mathilde Chikitou, Simon Desjobert, Benoit Paytavin.
Le parcours courageux d’un émigré chinois qui tient un commerce de fruits et légumes et qui témoigne ici d’un investissement sans compter pour sa famille, ses enfants.
D’un approvisionnement à Rungis à son magasin, nous partageons une journée avec lui, des moments conviviaux avec ses collègues sur la plateforme d’achat à la mise en rayon et la vente.
« La fermette »
Réalisé par Clémence Chevalier, Elodie Ulldemolins, Pauline Planté.
Un témoignage sur l’évolution du métier de fromager par un homme charismatique qui transmettra son affaire à ses fils. Magasin datant de 1895, ce gérant arrivé en 1988 nous parle des normes de sécurité, d’affinage, des gestes du métier. Homme de communication, il appuie son discours sur la relation à la clientèle, l’animation de son magasin, la sélection de ses produits et l’amour de son métier.
« Epicerie Antioche »
Réalisé par Robin Dianoux, Audrey Jean-Baptiste, Sophie Zarifian.
Une entreprise familiale née dans l’esprit d’un enfant baigné dans cette univers dés l’âge de 6 ans ! Avec l’aide de son père et de son frère, il a pris ce magasin qu’ils gèrent ensemble. L’apprentissage c’est fait sur le tas, au contact des autres membres de la famille. Une formation aux produits, à leurs origines et au conseil transmis de génération en génération…
« C’est du bio mais c’est pas grave »
Réalisé par Xavier Jourdin et Aurélie Van Rompaey.
Un couple qui nous parle de leur décision de reprendre un commerce alimentaire de produits biologiques après un tout autre parcours professionnel ( elle était comptable). Un témoignage sur la création d’une petite entreprise, avec les démarches à effectuer, les financements à trouver, les compétences à acquérir et les services à développer pour la clientèle.
« Aux plaisirs de Bacchus »
Réalisé par Fabien Gaspard, Sébastien Turpin et Jean Baptiste Maury.
Une curiosité initiale pour comprendre pourquoi les gens boivent du vin mènera cet homme au métier de caviste. Un témoignage sur le poids de la législation dans ce type de commerce, la nécessité dune organisation et d’un agencement soigné de sa boutique, un réel plaisir à partager et un encouragement des jeunes à venir vers cet univers du vin.
Le bilan que nous pouvons faire de cette réalisation
Ni exhaustifs des réalités de ces métiers, ni volonté de réalisation institutionnelle, ces courts métrages sont des instants de vie et des témoignages pris sur le vif de professionnels qui aiment leur profession, ont fait des choix, ont réalisé leur désir d’entreprendre.
Ils mettent avant tout en avant :
– la « culture commerçante » faite de technicité, de diversité des activités et des services et la perception positive qu’ont les professionnels de leur métier,
– l’art relationnel de ces métiers, l’écoute et la disponibilité dont ils savent faire preuve,
– la mise en exergue des possibilités de reprise d’entreprise et de création,
– l’attachement de ces professionnels à des valeurs que sont le travail, la qualité, le goût, le terroir…